• Originaire d'Ille-et-Vilaine, Christophe Thomas aime les animaux depuis l'enfance. Un jour vers l'âge de 7-8 ans il réalise que la photo de taureau qu'il voyait régulièrement dans le café d'un village voisin n'est pas la belle photo qu'il imaginait, mais une photo de corrida. Ne comprenant pas que l'on puisse s'en prendre ainsi à un animal il se fait alors une promesse : "je sauverai ce taureau !".

    Près de 30 ans plus tard il fait l'acquisition de Fadjen, un taureau espagnol "dit de combat" destiné à la corrida, qu'il parvient au fil du temps à apprivoiser parfaitement, parlant même d'une "grande histoire d'amour".

    Mais sauver un seul de ces bovins ne suffit pas à Christophe, qui cherche à mettre en place des actions visant à mieux faire connaître la corrida et son histoire. Il commence donc par multiplier les vidéos sur internet, dans lesquelles il partage des moments de complicité avec Fadjen. On y voit un taureau très calme, loin des images de violence véhiculées autour des taureaux et de leur comportement dans l'arène.

    En juin dernier, Christophe Thomas va plus loin et démarre son "tour de Bretagne" avec Fadjen. L'homme et son animal passent alors par Redon, Vannes, Lorient, Quimper, Brest, Morlaix, Lannion, Saint-Brieuc, pour finir avec Rennes, dans le département d'où vient Christophe. Au cours de ce périple de 3 semaines, il a eu l'occasion de projeter un film retraçant l'histoire de la corrida (attention, des images sont susceptibles de heurter la sensibilité de certaines personnes) et d'organiser des conférences : "Certains bretons ne connaissaient pas du tout le sujet, ou pensaient qu'il s'agissait juste d'un jeu entre l'homme et l'animal... Mais après avoir vu ce film, ils ne voyaient pas les choses de la même manière".
    Il s'est également promené dans la rue avec Fadjen, ce qui lui permet de "communiquer sur la dure réalité de la corrida et sur la pseudo dangerosité du taureau " sauvage, dangereux, ingérables, etc." que nous donne les aficionados".

    Dans cette vidéo l'homme se confie et apporte des précisions sur l'objectif anti-corrida de ses actions et sa passion pour le taureau :

    *

     

    Réalisation montage : Pablo Knusden

    Lors de son passage à Rennes Christophe et Fadjen ont été photographiés par Caroline Ablain qui a déposé une photo de leur rencontre avec des policiers rennais. D'après le commentaire que Christophe a lui-même déposé sur le site, sous la photo, "la police était plus curieuse qu'autre chose. Car rien interdit de se balader sur la route, dans les villages ou les villes en compagnie d'un bovin (de corrida ou pas)".

    ++ Site internet de Christophe Thomas : Sauvons un taureau de corrida
    ++ Ecrire à Christophe sur son profil

     

    Maville.com 

     

     http://www.sauvons-un-taureau-de-corrida.com/  

     

    clic sur le lien et vidéo 


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  • Originaire d'Ille-et-Vilaine, Christophe Thomas aime les animaux depuis l'enfance. Un jour vers l'âge de 7-8 ans il réalise que la photo de taureau qu'il voyait régulièrement dans le café d'un village voisin n'est pas la belle photo qu'il imaginait, mais une photo de corrida. Ne comprenant pas que l'on puisse s'en prendre ainsi à un animal il se fait alors une promesse : "je sauverai ce taureau !".

    Près de 30 ans plus tard il fait l'acquisition de Fadjen, un taureau espagnol "dit de combat" destiné à la corrida, qu'il parvient au fil du temps à apprivoiser parfaitement, parlant même d'une "grande histoire d'amour".

    Mais sauver un seul de ces bovins ne suffit pas à Christophe, qui cherche à mettre en place des actions visant à mieux faire connaître la corrida et son histoire. Il commence donc par multiplier les vidéos sur internet, dans lesquelles il partage des moments de complicité avec Fadjen. On y voit un taureau très calme, loin des images de violence véhiculées autour des taureaux et de leur comportement dans l'arène.

    En juin dernier, Christophe Thomas va plus loin et démarre son "tour de Bretagne" avec Fadjen. L'homme et son animal passent alors par Redon, Vannes, Lorient, Quimper, Brest, Morlaix, Lannion, Saint-Brieuc, pour finir avec Rennes, dans le département d'où vient Christophe. Au cours de ce périple de 3 semaines, il a eu l'occasion de projeter un film retraçant l'histoire de la corrida (attention, des images sont susceptibles de heurter la sensibilité de certaines personnes) et d'organiser des conférences : "Certains bretons ne connaissaient pas du tout le sujet, ou pensaient qu'il s'agissait juste d'un jeu entre l'homme et l'animal... Mais après avoir vu ce film, ils ne voyaient pas les choses de la même manière".
    Il s'est également promené dans la rue avec Fadjen, ce qui lui permet de "communiquer sur la dure réalité de la corrida et sur la pseudo dangerosité du taureau " sauvage, dangereux, ingérables, etc." que nous donne les aficionados".

    Dans cette vidéo l'homme se confie et apporte des précisions sur l'objectif anti-corrida de ses actions et sa passion pour le taureau :

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    Réalisation montage : Pablo Knusden

    Lors de son passage à Rennes Christophe et Fadjen ont été photographiés par Caroline Ablain qui a déposé une photo de leur rencontre avec des policiers rennais. D'après le commentaire que Christophe a lui-même déposé sur le site, sous la photo, "la police était plus curieuse qu'autre chose. Car rien interdit de se balader sur la route, dans les villages ou les villes en compagnie d'un bovin (de corrida ou pas)".

    ++ Site internet de Christophe Thomas : Sauvons un taureau de corrida
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  • Le musée des goémoniers de Plouguerneau

    Le musée des goémoniers présente le travail de ramasseurs d'algues.
    Le musée des goémoniers présente le travail de ramasseurs d'algues.
    Plouguerneau est encore aujourd'hui l'une des communes goémonières les plus actives en France. Retour sur l'histoire des récolteurs d'algues marines à l'écomusée de Plouguerneau.
    La récolte des algues marines est une véritable tradition en Bretagne depuis le XVIIIesiècle. Alors qu'auparavant elles servaient à amender les champs et à fabriquer du verre, les algues sont aujourd'hui l'ingrédient de bon nombre de cosmétiques et de parfums. C'est pourquoi les récoltes sont encore importantes en Bretagne, notamment dans le Nord-Finistère qui extrait 90 % de la production alguale française.

     

    Plouguerneau, au pays des Abers, est, aujourd'hui encore, l'une des communes goémonières les plus actives de la côte. Elle abrite le musée des goémoniers, dont la mémoire est toujours très présente : l'écomusée de Plouguerneau se charge de la collecter, la sauvegarder, la valoriser et la transmettre.

    Un travail pénible

    Dans une très belle scénographie, l'écomusée met en scène la vie de ces anciens « forçats des mers ». Les femmes et les enfants, récoltaient le goémon de rive - pioka et bezhin - sur l'Estran à marée basse, tandis que les hommes partaient chercher les laminaires - an tali - à bord de leurs sloops (bateaux à un seul mât et une grand-voile). Un travail très pénible et très dangereux, et pratiqué à l'ancienne jusque dans les années 1960.

    Tous les outils indispensables à la cueillette sont présentés : râteau de grève, civière, faucille, guillotine... Mais aussi beaucoup de photos illustrant le travail des goémoniers, qui, après avoir ramassé les tonnes de goémon, devaient les transporter jusqu'à la grève avant de les faire sécher. Pour le faire, ils utilisaient souvent des dromes, sortes de radeaux ramenés à terre par un goémonier muni d'une longue perche, et puis les indispensables chevaux de trait tirant leurs cargaisons jusqu'au lieu de séchage, sur la grève.

    La saison dans les îles

    Vers la fin du XIXe siècle, de nombreux goémoniers de Plouguerneau, Landéda et Saint-Pabu, sous l'impulsion des usiniers, partent faire la saison dans les îles - Molène, Batz, Callot... Ils partent pour 6 mois, et embarquent dans leurs bateaux de 6 à 7 mètres, chevaux, charrette, et tout le matériel pour exploiter les vastes champs de laminaires qui entourent ces îles. Beaucoup de « pigoullers » périssent dans des naufrages dus à leurs bateaux trop chargés.

    L'industrie de l'iode

    Au départ utilisé essentiellement pour amender les champs, puis pour la fabrication du verre, on découvre en 1812 que les cendres d'algues contiennent de l'iode. À la fin du XVIIIe siècle, on compte 18 usines en Bretagne. L'industrie prend un essor très important, qu'elle gardera jusqu'à aujourd'hui. Même si, l'utilisation des algues a quelque peu changé depuis.

    Tous les jours, en visite libre de 14 h à 18 h et le jeudi de 10 h 30 à 12 h 30. Tarifs : 4 €, 2,50 € pour les - de 11 ans, gratuit pour les moins de 7 ans. Tarif famille : 10 €. Visites commentées le mardi à 14 h. Tarifs : 5 €, 3 € pour les enfants.

     le goémonier dont le bateau est appareillé d’un scoubidou mécanique (voir ci-dessous le procédé utilisé ; schéma visible au Musée des Goémoniers à Plouguerneau). Schéma du scoubidou
    - il ramasse de gros tonnages tout ou partie de l’année.
    - il est fréquent que le bateau serve aussi durant l’année à d’autres travaux, dragages de crépidules pour certains, ou de coquillages pour d’autres.

     

     


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    Capitaine-haddock-tonnerre-de-brest

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    "Tonnerre de Brest !"

     La célèbre expression du capitaine Haddock a fait le tour du monde, comme l'irascible compagnon d'aventure de Tintin, le petit journaliste à la houppette créé par Hergé. A son origine, deux explications.

    D'aucuns parlent du coup de canon, chargé à blanc, qui résonnait chaque jour à 7 heures et à 19 heures, réglant, pendant trois siècles, la vie des Brestois. La cité vivait au rythme de l'arsenal et du port militaire qui abrita les escadres de vaisseaux partant pour la guerre de l'Indépendance américaine. Les quais de la Penfeld et " le Château " (forteresse gallo-romaine transformée par Vauban pour recevoir de l'artillerie) témoignent de la grandeur passée et évoquent encore l'activité dont Chateaubriand fut le témoin romantique, par un beau jour d'été de 1793.

    " Cette mer que je devais rencontrer sur tant de rivages baignait à Brest l'extrémité de la péninsule armoricaine : après ce cap avancé, il n'y avait plus rien qu'un océan sans bornes et des mondes inconnus ; mon imagination se jouait dans ces espaces. Souvent, assis sur quelque mât qui gisait le long du quai de Recouvrance, je regardais les mouvements de la foule : constructeurs, matelots, militaires, douaniers, forçats, passaient et repassaient devant moi. Des voyageurs débarquaient et s'embarquaient, des pilotes commandaient la manœuvre, des charpentiers équarrissaient des pièces de bois, des cordiers filaient des câbles, des mousses allumaient des feux dans des chaudières d'où sortaient une épaisse fumée et la saine odeur du goudron. On portait, on reportait, on roulait de la marine aux magasins, et des magasins à la marine, des sacs de vivres, des trains d'artillerie (…). Des forts répétaient des signaux, des chaloupes allaient et venaient, des vaisseaux appareillaient ou rentraient des bassins.  Mon esprit se remplissait d'idées vagues sur la société, sur ses biens et ses maux. Je ne sais quelle tristesse me gagnait ; je quittais le mât sur lequel j'étais assis ; je remontais la Penfeld, qui se jette dans le port ; j'arrivais à un coude où ce port disparaissait. (…) Je me couchais au bord de la petite rivière (…). Je tombais dans la plus profonde rêverie. Au milieu de cette rêverie, si le vent m'apportait le son du canon d'un vaisseau qui mettait à la voile, je tressaillais et des larmes mouillaient mes yeux. "
    Mémoires d'Outre-tombe.
    *

    Tonnerre de Brest


    Mais le " tonnerre de Brest ", c'est aussi, pour beaucoup, le coup de canon qui annonçait l'évasion d'un bagnard et donnait le signal d'une chasse à l'homme. Sombre bâtisse édifiée au milieu du XVIIIème siècle, sur la rive gauche de la Penfeld, dans l'enceinte du port, le bagne abrita quelque 70 000 condamnés aux travaux forcés. Le plus célèbre d'entre eux fut un certain François-Eugène Vidocq qui devint plus tard … chef de la police.

    Les couples enchaînés hantaient l'arsenal et ses abords, et menaient leurs travaux jusqu'au cœur de la ville. A la couleur de leur bonnet, on pouvait repérer la durée de leur peine. En 1785, on était condamné au bagne à vie " pour s'être endormi étant en sentinelle, pour vol d'une vache en pâture pendant la nuit, pour vol de tronc dans une église, pour vie errante, vagabonde et scandaleuse " ; à 9 ans, " pour vol d'herbage dans les champs " ; à 6 ans, " pour séduction de jeunes filles. "

    Les derniers forçats quittèrent Brest en 1858 pour Cayenne, en Guyane, et le bagne fut détruit en 1947.

     



     

     

    uin forçat vu par Ciceri

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


     

    Habits

    Le bagnard est vêtu d'une chemise en toile écrue, d'un pantalon écru, d'une casaque rouge, d'une paire de souliers ferrés et d'un bonnet rouge pour les condamnés à un certain temps et vert pour les condamnés à perpétuité. Celui-ci porte une petite plaque en fer-blanc sur lequel apparaît le numéro d'inscription au registre matricule

    (3786 pour Sébastien).voir ce lien

    *

    1858. La fermeture du bagne de Brest

    *

    Au cours de son siècle d'existence, le bagne de Brest a abrité plus de 70.000 forçats. Son ouverture a marqué l'émergence d'une nouvelle structure répressive après celle des galères. Sa fermeture le 1er septembre 1858 marquera une nouvelle étape, celle des colonies pénitentiaires d'outre-mer.

    En 1748, Louis XV rattache les corps des galères à la Marine Royale, afin de permettre à celle-ci de disposer ainsi d'une main-d'oeuvre peu onéreuse. Désormais, les forçats des galères seront hébergés à terre dans des bagnes portuaires. Le bagne de Brest est le deuxième créé en France après celui de Toulon. La première chaîne de forçats arrive à Brest le 25 mai 1749, soit un mois après leur départ de Marseille. Par la suite, c'est principalement de Paris que les chaînes partiront vers le bagne. Une chaîne regroupe 300 à 400 hommes. Pendant le voyage, chaque forçat est enchaîné par une « cravate » qui, comme son nom l'indique, est passée au cou de chaque condamné, également entravé par les pieds. Le transport se fait en charrette, et c'est seulement à partir de 1836 que l'on utilise des voitures cellulaires.

    La fermeture du bagne

    En 1830, les bagnes font l'objet d'un vaste débat sur leur utilité sociale. L'idée de leur fermeture au profit des colonies pénales d'outre-mer fait alors son chemin. Cette évolution a été alimentée par plusieurs considérations : morales, avec le spectacle détestable que donnait à voir le bagne dans l'enceinte même d'une ville ; sanitaires, avec des risques d'épidémie accrus et économiques, avec l'abolition définitive de l'esclavage dans les colonies en 1848 qui entraîna un besoin en main-d'oeuvre. Dès 1852, les condamnés sont transportés vers la Guyane. Le bagne de Brest ferme le 1er septembre 1858. Le vaste édifice est converti en dépôt de matériel. Pendant la Première Guerre mondiale, il sera successivement un hôpital complémentaire, un centre de réforme et un magasin. Après la Seconde Guerre mondiale, le bâtiment sera entièrement détruit.

    ..
     

     

    Statue de Bertrand Piéchaud -la peine du bagnard.
    Statue de Bertrand Piéchaud -la peine du bagnard.

     


    *

    CHANT TRADITIONNEL DU BAGNE.

    On découvre ici, le texte d’un chant traditionnel du bagne qui est l’œuvre d'un bagnard « libéré ». Ce document a été enregistré en 1951 par Henri Charrière dit PAPILLON, à Saint Laurent du Maroni à l’occasion de son premier retour dans cette ville après sa libération, dans le cadre de la promotion de son livre. Il s'agit d'un poème de Fitoussi qui se chantait sur l'air "les batelier de la Volga".

    Titre de la chanson : Je suis un forçat.
    A écouter en cliquant sur la pièce jointe en bas de la page.

    Le cri d‚une sirène
    Un bruit de chaînes
    Le convoi part
    Ils sont hâves et blêmes
    Tout un poème
    En leur regard

    Cohorte douloureuse
    C‚est l‚armée malheureuse
    De ceux que Thémis appelle Aujourd‚hui
    Qui vont quitter à jamais leur pays

    (complété sur les aimables informations d'un lecteur, commentaire n°26)

    Soudain l’un d’eux s’arrête,
    en inclinant la tête,
    c’est qu’on vient de lui dire tout bas
    ces simples mots tu n’es qu’un forçat.

    La bas à la Guyane,
    dans la savane et les chantiers,
    combien de pauvres ères
    dans la misère semblent expier.

    Des rires de folies,
    des râles d’agonies,
    semblent monter au-dessus des cachots
    dont parfois monte un lugubre sanglot.

    La fièvre qui les terrasse,
    la mort qui les menace,
    toute la gamme des maux d’ici-bas
    semblent planer sur le corps du forçat.

    L’évasion est un crime
    que l’on réprime sévèrement,
    la réclusion horrible
    et ses terribles isolements.

    Misère physiologique,
    celle, vengeur tragique,
    d’une société cruelle ou vaincu,
    un cri, un râle, un forçat à vécu.

    Le requin, bête immonde,
    semble guetter dans l’ombre,
    le corps qu’on jette entouré d’un vieux drap,
    et c’est ainsi que finit le forçat.

    Commentaires exclusif de PAPILLON enregistrés en 1951 (à écouter en cliquant sur la pièce jointe en bas de la page) « Combien est émouvante cette chanson de ce malheureux, et combien aussi, malheureusement, il confirme tout ce que je dis dans mon livre. D’abord la fièvre, les cachots, la mort. Dans des endroits où, un sur dix, un sur vingt, peut se sauver dans ces travaux formidables, comme couper le bois dans les camps de Charvein ou d’ailleurs. Et puis, cette ignominie quand il se sent le forçat. Il vient de comprendre ce qu’est un forçat, c’est-à-dire une immondice de la société au moment de partir.
    L’évasion ! L’évasion, que non seulement on cherche à étouffer dans son être, mais encore que l’on poursuit comme l’on poursuit un animal avec les chasseurs d’hommes afin de l’éliminer plutôt que de lui donner une chance de revivre, et s’il est repris ? La réclusion ! Cette fameuse réclusion que quelques journaux ont prétendu, que des témoignages de surveillants, des gens, bien entendu, intéressés à dire, que ce n’était pas du tout comme je le racontais.
    Mais lui le malheureux dans sa chanson, il le dit, cette réclusion horrible, terrible isolement. Atteint tous en commun de misère physiologique, il l’accuse lui-même, dans sa chanson, des bas-fonds de Saint Laurent du Maroni, cette société cruelle,inutilement cruelle. Cette société, qui au lieu de se défendre contre les gens qui commettent un délit, se venge, ce qui ne peut être accepté.
    Et puis la fin ! La fin du forçat. Ces enterrements que je décris dans mon livre, où l’on jette ces corps, entourés de sacs de farine, en pâtures aux requins des Iles Royales, qui étaient ni plus ni moins, que le dernier moment où le forçat arrivait à sa limite de mépris de la société. On lui refusait même de l’enterrer comme un homme, on le donnait en pâtures aux requins…La cloche qui appelait ces requins au moment de l’enterrement était une espèce de … C’était la fin… La société était vengée, ou, la société croyait ainsi pouvoir faire disparaître par les requins tout vestige d’un homme qui avait commis quelques petits délits et qui lui avait apporté quelques douleurs à la tête.
    Toute cette chanson, c’est la conclusion indiscutable de ces chemins de la pourriture, comme je le décrits, je crois même qu’ils sont en dessous de la vérité. »

     


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    Capitaine-haddock-tonnerre-de-brest

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    "Tonnerre de Brest !"

     La célèbre expression du capitaine Haddock a fait le tour du monde, comme l'irascible compagnon d'aventure de Tintin, le petit journaliste à la houppette créé par Hergé. A son origine, deux explications.

    D'aucuns parlent du coup de canon, chargé à blanc, qui résonnait chaque jour à 7 heures et à 19 heures, réglant, pendant trois siècles, la vie des Brestois. La cité vivait au rythme de l'arsenal et du port militaire qui abrita les escadres de vaisseaux partant pour la guerre de l'Indépendance américaine. Les quais de la Penfeld et " le Château " (forteresse gallo-romaine transformée par Vauban pour recevoir de l'artillerie) témoignent de la grandeur passée et évoquent encore l'activité dont Chateaubriand fut le témoin romantique, par un beau jour d'été de 1793.

    " Cette mer que je devais rencontrer sur tant de rivages baignait à Brest l'extrémité de la péninsule armoricaine : après ce cap avancé, il n'y avait plus rien qu'un océan sans bornes et des mondes inconnus ; mon imagination se jouait dans ces espaces. Souvent, assis sur quelque mât qui gisait le long du quai de Recouvrance, je regardais les mouvements de la foule : constructeurs, matelots, militaires, douaniers, forçats, passaient et repassaient devant moi. Des voyageurs débarquaient et s'embarquaient, des pilotes commandaient la manœuvre, des charpentiers équarrissaient des pièces de bois, des cordiers filaient des câbles, des mousses allumaient des feux dans des chaudières d'où sortaient une épaisse fumée et la saine odeur du goudron. On portait, on reportait, on roulait de la marine aux magasins, et des magasins à la marine, des sacs de vivres, des trains d'artillerie (…). Des forts répétaient des signaux, des chaloupes allaient et venaient, des vaisseaux appareillaient ou rentraient des bassins.  Mon esprit se remplissait d'idées vagues sur la société, sur ses biens et ses maux. Je ne sais quelle tristesse me gagnait ; je quittais le mât sur lequel j'étais assis ; je remontais la Penfeld, qui se jette dans le port ; j'arrivais à un coude où ce port disparaissait. (…) Je me couchais au bord de la petite rivière (…). Je tombais dans la plus profonde rêverie. Au milieu de cette rêverie, si le vent m'apportait le son du canon d'un vaisseau qui mettait à la voile, je tressaillais et des larmes mouillaient mes yeux. "
    Mémoires d'Outre-tombe.
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    Tonnerre de Brest


    Mais le " tonnerre de Brest ", c'est aussi, pour beaucoup, le coup de canon qui annonçait l'évasion d'un bagnard et donnait le signal d'une chasse à l'homme. Sombre bâtisse édifiée au milieu du XVIIIème siècle, sur la rive gauche de la Penfeld, dans l'enceinte du port, le bagne abrita quelque 70 000 condamnés aux travaux forcés. Le plus célèbre d'entre eux fut un certain François-Eugène Vidocq qui devint plus tard … chef de la police.

    Les couples enchaînés hantaient l'arsenal et ses abords, et menaient leurs travaux jusqu'au cœur de la ville. A la couleur de leur bonnet, on pouvait repérer la durée de leur peine. En 1785, on était condamné au bagne à vie " pour s'être endormi étant en sentinelle, pour vol d'une vache en pâture pendant la nuit, pour vol de tronc dans une église, pour vie errante, vagabonde et scandaleuse " ; à 9 ans, " pour vol d'herbage dans les champs " ; à 6 ans, " pour séduction de jeunes filles. "

    Les derniers forçats quittèrent Brest en 1858 pour Cayenne, en Guyane, et le bagne fut détruit en 1947.

     



     

     

    uin forçat vu par Ciceri

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


     

    Habits

    Le bagnard est vêtu d'une chemise en toile écrue, d'un pantalon écru, d'une casaque rouge, d'une paire de souliers ferrés et d'un bonnet rouge pour les condamnés à un certain temps et vert pour les condamnés à perpétuité. Celui-ci porte une petite plaque en fer-blanc sur lequel apparaît le numéro d'inscription au registre matricule

    (3786 pour Sébastien).voir ce lien

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    1858. La fermeture du bagne de Brest

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    Au cours de son siècle d'existence, le bagne de Brest a abrité plus de 70.000 forçats. Son ouverture a marqué l'émergence d'une nouvelle structure répressive après celle des galères. Sa fermeture le 1er septembre 1858 marquera une nouvelle étape, celle des colonies pénitentiaires d'outre-mer.

    En 1748, Louis XV rattache les corps des galères à la Marine Royale, afin de permettre à celle-ci de disposer ainsi d'une main-d'oeuvre peu onéreuse. Désormais, les forçats des galères seront hébergés à terre dans des bagnes portuaires. Le bagne de Brest est le deuxième créé en France après celui de Toulon. La première chaîne de forçats arrive à Brest le 25 mai 1749, soit un mois après leur départ de Marseille. Par la suite, c'est principalement de Paris que les chaînes partiront vers le bagne. Une chaîne regroupe 300 à 400 hommes. Pendant le voyage, chaque forçat est enchaîné par une « cravate » qui, comme son nom l'indique, est passée au cou de chaque condamné, également entravé par les pieds. Le transport se fait en charrette, et c'est seulement à partir de 1836 que l'on utilise des voitures cellulaires.

    La fermeture du bagne

    En 1830, les bagnes font l'objet d'un vaste débat sur leur utilité sociale. L'idée de leur fermeture au profit des colonies pénales d'outre-mer fait alors son chemin. Cette évolution a été alimentée par plusieurs considérations : morales, avec le spectacle détestable que donnait à voir le bagne dans l'enceinte même d'une ville ; sanitaires, avec des risques d'épidémie accrus et économiques, avec l'abolition définitive de l'esclavage dans les colonies en 1848 qui entraîna un besoin en main-d'oeuvre. Dès 1852, les condamnés sont transportés vers la Guyane. Le bagne de Brest ferme le 1er septembre 1858. Le vaste édifice est converti en dépôt de matériel. Pendant la Première Guerre mondiale, il sera successivement un hôpital complémentaire, un centre de réforme et un magasin. Après la Seconde Guerre mondiale, le bâtiment sera entièrement détruit.

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    Statue de Bertrand Piéchaud -la peine du bagnard.
    Statue de Bertrand Piéchaud -la peine du bagnard.

     


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    CHANT TRADITIONNEL DU BAGNE.

    On découvre ici, le texte d’un chant traditionnel du bagne qui est l’œuvre d'un bagnard « libéré ». Ce document a été enregistré en 1951 par Henri Charrière dit PAPILLON, à Saint Laurent du Maroni à l’occasion de son premier retour dans cette ville après sa libération, dans le cadre de la promotion de son livre. Il s'agit d'un poème de Fitoussi qui se chantait sur l'air "les batelier de la Volga".

    Titre de la chanson : Je suis un forçat.
    A écouter en cliquant sur la pièce jointe en bas de la page.

    Le cri d‚une sirène
    Un bruit de chaînes
    Le convoi part
    Ils sont hâves et blêmes
    Tout un poème
    En leur regard

    Cohorte douloureuse
    C‚est l‚armée malheureuse
    De ceux que Thémis appelle Aujourd‚hui
    Qui vont quitter à jamais leur pays

    (complété sur les aimables informations d'un lecteur, commentaire n°26)

    Soudain l’un d’eux s’arrête,
    en inclinant la tête,
    c’est qu’on vient de lui dire tout bas
    ces simples mots tu n’es qu’un forçat.

    La bas à la Guyane,
    dans la savane et les chantiers,
    combien de pauvres ères
    dans la misère semblent expier.

    Des rires de folies,
    des râles d’agonies,
    semblent monter au-dessus des cachots
    dont parfois monte un lugubre sanglot.

    La fièvre qui les terrasse,
    la mort qui les menace,
    toute la gamme des maux d’ici-bas
    semblent planer sur le corps du forçat.

    L’évasion est un crime
    que l’on réprime sévèrement,
    la réclusion horrible
    et ses terribles isolements.

    Misère physiologique,
    celle, vengeur tragique,
    d’une société cruelle ou vaincu,
    un cri, un râle, un forçat à vécu.

    Le requin, bête immonde,
    semble guetter dans l’ombre,
    le corps qu’on jette entouré d’un vieux drap,
    et c’est ainsi que finit le forçat.

    Commentaires exclusif de PAPILLON enregistrés en 1951 (à écouter en cliquant sur la pièce jointe en bas de la page) « Combien est émouvante cette chanson de ce malheureux, et combien aussi, malheureusement, il confirme tout ce que je dis dans mon livre. D’abord la fièvre, les cachots, la mort. Dans des endroits où, un sur dix, un sur vingt, peut se sauver dans ces travaux formidables, comme couper le bois dans les camps de Charvein ou d’ailleurs. Et puis, cette ignominie quand il se sent le forçat. Il vient de comprendre ce qu’est un forçat, c’est-à-dire une immondice de la société au moment de partir.
    L’évasion ! L’évasion, que non seulement on cherche à étouffer dans son être, mais encore que l’on poursuit comme l’on poursuit un animal avec les chasseurs d’hommes afin de l’éliminer plutôt que de lui donner une chance de revivre, et s’il est repris ? La réclusion ! Cette fameuse réclusion que quelques journaux ont prétendu, que des témoignages de surveillants, des gens, bien entendu, intéressés à dire, que ce n’était pas du tout comme je le racontais.
    Mais lui le malheureux dans sa chanson, il le dit, cette réclusion horrible, terrible isolement. Atteint tous en commun de misère physiologique, il l’accuse lui-même, dans sa chanson, des bas-fonds de Saint Laurent du Maroni, cette société cruelle,inutilement cruelle. Cette société, qui au lieu de se défendre contre les gens qui commettent un délit, se venge, ce qui ne peut être accepté.
    Et puis la fin ! La fin du forçat. Ces enterrements que je décris dans mon livre, où l’on jette ces corps, entourés de sacs de farine, en pâtures aux requins des Iles Royales, qui étaient ni plus ni moins, que le dernier moment où le forçat arrivait à sa limite de mépris de la société. On lui refusait même de l’enterrer comme un homme, on le donnait en pâtures aux requins…La cloche qui appelait ces requins au moment de l’enterrement était une espèce de … C’était la fin… La société était vengée, ou, la société croyait ainsi pouvoir faire disparaître par les requins tout vestige d’un homme qui avait commis quelques petits délits et qui lui avait apporté quelques douleurs à la tête.
    Toute cette chanson, c’est la conclusion indiscutable de ces chemins de la pourriture, comme je le décrits, je crois même qu’ils sont en dessous de la vérité. »

     


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